Les chênes de Meyran,
Allée de Sant Jaume
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Le site emblématique de la Sainte Baume :
Un haut lieu où nature et traditions populaires se conjuguent.

1- Permanence des cultes et pratiques populaires.


La Ste Baume vers 1880, on remarque dans ces lieux désertiques la présence de la forêt domaniale

Au premier abord il semblerait exister peu de points communs entre la grotte et la forêt qu’elle domine.
Pourtant si on se place au niveau de la spiritualité, très vite on conviendra que nous sommes en fait dans deux mondes qui cohabitent et qui retracent en même temps l’histoire des cultes en ce Haut Lieu : une tradition Chrétienne, récente, avec le culte à Sainte Marie Madeleine et des cultes plus anciens.

Qu’en a-t-il été des pratiques Celto-Ligures dans ces lieux ?
En dehors des tumuli de l’âge du fer présents sur ces lieux, rien aujourd’hui nous renseigne sur les pratiques de ces peuplades en ces lieux.

L’Écomusée a recueilli le dernier vestige du « Grand Chêne » couvert de graffitis de toutes origines. Ce Grand Chêne était à lui seul un lieu de pèlerinage et certaines traditions populaires disent que les femmes stériles venaient frotter leur corps sur son écorce afin de régénérer cette capacité essentielle à la survie de l’espèce et des familles.


Le Grand Chêne vers 1880


Le Grand Chêne vers 1910


On trouve dans la Sainte-Baume de nombreux symboles attribués à la féminité par exemple les grottes, les nombreuses sources dont celles de l'Huveaune, qui devenue fleuve, fertilisera une partie du terroir marseillais, des fleurs comme le Sceau de Salomon (ou larmes de Marie-Madeleine), la Stipe pennée (ou cheveux de Marie-Madeleine)….








La Sainte Baume était aussi le lieu de consécration des amours : élever des castelets de pierres qui devaient résister au temps pour confirmer une future union, tenter le passage dans l’étroitesse du rocher du Canapé la main dans la main pour s’assurer de la tenue du couple…

« Il y a peu de personnes parmi le peuple qui s’en dispense (du pèlerinage à la Sainte Baume) la première année de leur mariage, et si ce voyage n’est pas stipulé dans le contrat, il est du moins regardé comme une preuve de la tendresse des époux pour leurs femmes ».
Abbé Papon “Voyage littéraire en Provence” 1780


Le passage du Canapé

Et puis comme ce n’était pas toujours suffisant, on martelait les pierres de gravures aux formes approchant celles de fers à cheval (existantes mais appartenant aux Compagnons), mais d’autres étant en réalité des signes à caractère sexuels. Enfin on pouvait aussi déposer une pièce percée dans la grotte aux monnaies.


La Tradition des rubans

Dans ces pratiques populaires, on trouve dans le manuscrit de De Haitze – en 1695- “Description de la Ste Baume “, transcrit par l’Écomusée, la description de pratiques populaires qui visaient à placer des rubans sur des bâtons, des arbres, les grilles de la chapelle du Saint Pilon, et qui recouvraient une grande partie du sommet de la Sainte Baume ce qui entraînait la fureur des religieux qui les enlevaient :

On voit de temps en temps remuer au grés du vent certains petits haillons d’étoffe ou de rubans mis sur quelques pierres, ou attachés à des bâtons plantés dans le roc ou dressés entre des pierres. Les triangles, ou les pyramides composées de deux bâtons s’y voient aussi fréquemment aussi bien que les arceaux faits avec le pli d’une verge. Ces monuments sont en si grand nombre et ils sont si souvent renouvelés qu’on y en voit toujours quoique les vents les dissipent et que les religieux de ce désert toutes les fois qu’ils montent au saint pilier achèvent d’abattre ceux qui ont résisté à la violence des vents. “( De Haitze 1695)


Il pourrait y avoir, comme le pense M. Bastard, directeur du musée du Compagnonnage, un lien entre cette tradition des rubans et celle des couleurs du Compagnonnage.

Dans tout ce qui précède, il est difficile, avec notre “modernisme “, de distinguer où est la place de la réalité, celle de l’imaginaire, la part du sacré et celle du profane, trop de messages ont été perdus, effacés de nos mémoires collectives, oubliés pour que l’on puisse comprendre, disons sentir, complètement le sens de ces lieux et lire au travers de ces symboles.

Pourtant ces dimensions symboliques profondément enfouies en nous, sont indispensables à l’équilibre humain et, selon le célèbre médecin et psychanalyste Carl Jung, présents dans notre inconscient :

« Le primitif, lui, (en opposition à l’homme moderne qui a “aseptisé “sa pensée rejetant tout ce qui n’est pas rationnel) a encore conscience de ces propriétés psychiques : il attribue aux animaux, aux plantes, aux pierres des pouvoirs qui nous paraissent étranges et inacceptables » C. Jung “L’Homme et ses symboles “.


2- La grotte et les cultes.

- Premier habitat et cultes anciens
Située à 950 m d’altitude, à la température constante de 12 °C, surplombant la forêt par endroits de plus de 100 m a-t-elle été un refuge exceptionnel pour les premières peuplades de chasseurs préhistoriques habitants de ce vaste abri, surélevé, qui, en plus, abrite une source. N’ayant jamais été fouillée, on ne sait pas ce que cachent ses 14 m de sous-sol.
Rappelons que l’Homme de Néandertal a fréquenté le massif (la grotte des Cèdres, aven de l’Escandaou).


Intérieur de la grotte


Au fond de la grotte, la source de Saint Sidoine “l’aveugle né“

Un médaillon à l’effigie de Zeus Amon a été trouvé dans la forêt, cela ne prouve aucunement qu’il ait existé un culte


Zeus Amon

Les massaliottes (habitant de Massillia, Marseille d'aujourd'hui), originaires de la colonie de Phocée en Asie Mineure ont pratiqué le culte d'Artémis d'Ephèse, déesse de la fécondité : ce culte serait-il parvenu à la Sainte Baume ?


Artémis d'Ephèse 


Sainte Marie Madeleine,

Selon la Tradition provençale, après avoir évangélisé une partie de la Provence, Marie Madeleine serait venue à la Sainte Baume, où elle aurait séjourné pendant 30 ans.
Élevée au sommet de la montagne 7 fois par jour par les anges (chiffre correspondant aux heures canoniales), elle fut, à sa mort, enterrée à Saint Maximin (tradition contestée dès le XVIIe).

Cependant cette présence est remise en cause : « Une telle hypothèse, certes fort respectable, paraît mal fondée si l’on s’en tient aux textes de l’Évangile et, comme l’ont fait depuis le VIe siècle au moins les églises grecques, la plupart des exégètes contemporains distinguent les trois personnages en un seul. »
(Dictionnaire de la Bible André-Marie Gérard, Imprimatur Paris Octobre 1989, Nihil Obstat septembre 1989).


Elévation de Sainte Marie Madeleine

Le fidèle fera sienne la phrase du père Veyssières qui écrira à son sujet « Qu’elle soit venue ou pas ce que je sais c’est qu’elle y est ».
Nombreux seront les Grands de ce monde qui viendront en ces lieux pendant plus de dix siècles vénérer la Sainte.


3 Le Compagnonnage à la Sainte Baume

Les Trois fondateurs sont le roi Salomon, le père Soubise et Maître Jacques.

C’est la construction du temple de Jérusalem qui aurait lancé ce mouvement 1000 ans avant Marie-Madeleine. Le roi Salomon est considéré encore aujourd’hui comme le type même de la sagesse orientale.
Selon Agricol Perdiguier, les Compagnons revenant de Judée se seraient réunis à la Sainte Baume avant de se répartir dans les villes proches.
Des histoires gravitent autour de Maître Jacques à la Sainte Baume, pour certains, il aurait été assassiné dans ce lieu et enterré dans un site proche pour d’autres simplement blessé…
Mais la question essentielle est de savoir pourquoi avoir choisi la Ste Baume pour cette tradition ?
Certainement l’importance au travers du temps de ce Haut Lieu dans lequel ne pouvait se passer que de grandes choses, mais peut-être aussi que Maître Jacques est réellement enterré dans ce site ?

Au niveau historique, le pèlerinage des Compagnons date du XVIIe ou du XVIIIe siècle, on n’a pas actuellement de document qui remonterait plus avant.
En 1695 le manuscrit de Haitze dans sa « Description de la Sainte Baume » n’en fait pas mention (retranscrit par l’Écomusée).

Selon les Devoirs, le passage à la Ste Baume était une obligation, soit à la fin de leur Tour de France, soit pendant.
Le passage à la Grotte est à la fois le retour aux origines, vers un des fondateurs, Maître Jacques, et le respect, selon les Devoirs, envers leur patronne Sainte Marie Madeleine.

Certains édifices (oratoires, chapelles ; simples rochers, statues, basilique de St Maximin,…) portent leurs symboles gravés dans la pierre.


Compagnons autour de l’obélisque


À la Sainte Baume, on retrouve une Nature quasi-intacte, comme l'ont connue les premiers groupes humains qui ont construit nos sociétés (raison essentielle pour la préserver). Elle se présente à nous comme “un des derniers Hauts Lieux où règne l'Esprit “.
On peut encore y lire à travers les symboles, ou tout simplement chercher à les connaître, sans automatiquement les assimiler à une religion. La Tradition Primordiale a longtemps guidé nos ancêtres pour qui Être était beaucoup plus important qu’Avoir. Aujourd’hui, ce décalage ne peut que nous interpeller sur notre propre condition et les buts de nos sociétés.
De son côté, le Compagnonnage de par son ancienneté, ses traditions, la qualité de ses hommes et du travail réalisé, se présente à nous, aujourd’hui, comme un puissant courant porteur de modernité : un magnifique présent pour les générations futures. Par là même, il peut rejoindre, avec l’humilité qui est la sienne, la puissance de la spiritualité qui émane du rôle et de la place de Marie-Madeleine dans ces lieux et de sa Modernité quant au message d’Universalité qu’elle porte.
La Sainte Baume est un formidable lieu de rencontre entre la Nature et ces mouvements, au service de tous les hommes et de leur accomplissement.

Points de vue

« Voyage au travers des symboles d’un lieu mythique »

Le Sainte Baume est un Haut Lieu sacré depuis des temps immémoriaux.
À quoi, à qui, doit-on cette sacralisation ?


Vestige du Grand Chêne dans l’Écomusée

Cette montagne comporte une grotte qui surplombe une forêt quasi primaire originaire de la dernière glaciation avec la permanence d’espèces végétales exceptionnelles (par exemple plus grande forêt d’Ifs de France).


If dans la forêt

Si nous imaginons ce que pouvait être ce lieu à ses origines, quasiment inaccessible, lieu sans lumière, sans jour et par conséquent sans nuit, immense ventre de la terre mère de l'humanité. Si nous ajoutons que cette grotte a une orientation plein Nord (origine symbolique de l'humanité), qu'elle est éclairée seulement le jour du solstice d'été, on comprend encore plus le mystère et les enchantements.
Elle aurait été un haut lieu de sépultures des dignitaires régionaux : que sera-t-il découvert quand les 14 mètres de son sous-sol seront fouillés, ce qui n’a jamais été le cas ?

Ce site aurait été aussi un lieu d’expression des complémentaires : la grotte étant le gynécée, partie féminine, et sur la montagne l’androgyne, partie masculine marqué par le st pilon ou piloun, nom vestige d’un pilier planté (type de celui situé à l’entrée de St Maximin ?) lui-même certainement précédé par une pierre dressée.


L’entité grotte – Saint Pilon

L’église respectant ces pratiques cultuelles anciennes conservera à la chapelle dressée le nom du lieu : chapelle du St Pilon (dont une partie du “saint pilier “est insérée dans les murs).

Avant que les forces telluriques, qui émanent du sol, ou les forces biologiques des végétaux ne soient considérées vers le Xe siècle comme l’émanation du diable, les Hommes venaient dans ces lieux se soumettre à ces forces régénératrices qui auraient même la vertu de favoriser la descendance…
Les Bâtisseurs utilisaient les énergies du sol et du ciel pour implanter les églises…
La tradition des Celto Ligures étant orale, la seule référence connue en est le texte de Lucain (Ier siècle ap.J.C.) la Pharsale :
" Bois jamais profané où des autels se dressent sur des tertres sinistres et tous les arbres sont purifiés par le sang humain, où de tristes statues de dieux, informes, se dressent sans art sur des troncs coupés… "





Rien ne subsiste des cultes celto ligures, cultes aux eaux, aux arbres et à leurs divinités. Seuls certains toponymes (noms de lieux) nous confirment cette présence…
Brasque (ferme locale) lieu marécageux (cf. Rostaing “Essai sur toponymie de la Provence ")

En terme de lieu, rien ne laisse penser que ce serait celle de la Ste Baume, mais au niveau culte, la probabilité est très forte.

Cependant pour comprendre ce lieu il faut le « penser » à partir de l’entité forêt-grotte et au travers de la nature même des espèces végétales qu’il possède. Pendant longtemps elles ont été porteuses de représentations symboliques et de vertus “magiques "(l’if par exemple est l’arbre des morts, voir aussi les utilisations médicinales).
N’est-ce pas les pèlerinages qui incitèrent papes, comtes, rois à promulguer des directives afin de protéger ce lieu sacré aux arbres séculaires : au point qu’aujourd’hui enrichi de ces « divines » protections, ce site est devenu un site pilote du dispositif européen Natura 2000.
Dans ce lieu dit de fécondité, des femmes, des couples, venaient chercher l’espoir d’avoir des enfants quand la nature ne les avait pas dotés de cette faculté.
Quand une maman accouchait et que les enfants ne la voyaient pas un certain temps, on leur disait jusqu’à une période récente, qu’elle était aller chercher le bébé à la grotte aux œufs à la Sainte Baume.

Mais protéger la forêt contre les convoitises des hommes (le bois a été de plus en plus recherché au fil du temps) c’était aussi satisfaire les habitants des contrées proches, voire lointaines, qui depuis la nuit des temps venaient à la Sainte Baume.
C‘était aussi, et par la même, pour ces grands personnages, s’inscrire d’une manière “politique "dans le droit-fil des croyances populaires : conserver à ce site, au travers de remarquables espèces végétales et des espaces rocheux et des gouffres étranges, tout son caractère spirituel.
En fait on venait célébrer Sainte Marie Madeleine, mais on savait aussi que la forêt était un temple “païen “qu’il fallait respecter, un lieu qui parle à la profondeur de notre être.

“ La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles;
L'homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l'observent avec des regards familiers.

Charles Baudelaire. “Correspondances “.




L’eau de la Sainte Baume,
une richesse exceptionnelle à protéger



L’eau reste la richesse essentielle des régions méditerranéennes. Elle est à
ce titre la source première de l’établissement humain autour du massif de la
Sainte-Baume, “château d’eau de la basse Provence”. En effet, il donne
naissance à 4 rivières et fleuves côtiers : l’Huveaune, le Gapeau, le Caramy
et l’Issole et alimente quantité de sources.
Mais c’est une richesse en péril : pompages excessifs des nappes
souterraines liés à l’établissement exponentiel des hommes sur le massif et
à leurs besoins croissants en eau, rejets polluants issus de stations
d’épuration défectueuses, de systèmes d’assainissement autonome
vétustes, pollution des sources par les traitements agricoles…
Autant de menaces qui pèsent sur les écosystèmes aquatiques et
affectent la qualité d’une eau directement consommée par toute une région.
L’eau de la Sainte-Baume, une ressource à préserver… absolument.

Un système hydrologique complexe.
La formation calcaire de ce site présente des particularités remarquables qui façonnent des paysages aux formes diverses et originales, ruiniformes pour des rochers élevés comme les dents de roque-forcade ou des avens quelquefois importants comme la Tourne.
Cet immense orifice évacue par un long cheminement souterrain les eaux de surface d’une grande partie du plateau de la Ste Baume qui vont ressortir au Vallon de Castelette pour donner naissance à l’Huveaune.
Lors de grandes pluies nous assistons à la formation d’un grand lac dans cette plaine.
Sur la partie Nord-Est du plateau, présence d’un site exceptionnel de lapias, autour de ND des Adieux, présence de cavités en très grand nombre dans un paysage calcaire remarquable avec des vestiges de pierre des anciennes strates érodées comme par exemple ce “champignon “que l’on découvre au détour d’un sentier.
La ste Baume est inscrite également dans le répertoire des grands phénomènes karstiques mondiaux.